France
September 8, 2006
Source: ARVALIS
- Institut du Végétal
La récolte du maïs fourrage s’annonce plus précoce qu’en année
normale, grâce à un début d’été chaud. Les éleveurs ne doivent
pas sous-estimer le stade de leur culture au risque de récolter
trop sec. Selon les dates de semis et les conditions
d’implantation, les rendements risquent d’être inégaux, mais
devraient convenir pour compléter une production d’herbe limitée
à cause de la chaleur et du sec dans de nombreuses régions. Dans
les régions traditionnellement les plus sèches, les éleveurs ont
anticipé leur surface de maïs fourrage pour garantir leur stock
fourrager.
Au 20 août, les cultures de
maïs fourrage sont en avance par rapport à une année normale.
Selon les régions et les dates de semis, l’avance est de 5 à 10
jours, l’avance de somme de température varie de 80 à 170
degrés-jours. Les températures froides d’août ont réduit
l’excédent enregistré au 31 juillet, à la fin de l’épisode
caniculaire. Les floraisons ont été relativement précoces,
courant juillet selon les régions et date de semis. Les
ensilages s’annoncent précoces, dès la fin du mois d’août mais
pourraient se réaliser jusque début octobre pour les semis
tardifs des zones les plus froides.
Au niveau national, on
distingue deux grandes périodes de semis avec des effets très
contrastés sur le développement de la culture. La première
période de semis a eu lieu durant la 2ème quinzaine d’avril,
jusqu’aux premiers jours de mai, dans de bonnes conditions de
travail du sol, de semis et de levée grâce à une météo clémente.
Les plantes se sont correctement installées. La seconde période,
à partir du 5 mai, est caractérisée par des pluies presque
journalières et des températures souvent fraîches, perturbant la
préparation du lit de semences et le semis. Les levées ont été
lentes et la mise en place du système racinaire difficile à
cause des structures de sols dégradées.
Selon la qualité
d’implantation, le manque de pluviométrie sur juin et juillet a
eu des conséquences plus ou moins marquées. Il existe des
différences régionales (voir ci-dessous). Dans les situations
les plus difficiles, on observe des plantes à faible
développement végétatif avec parfois des accidents sur épis dans
les situations les plus difficiles. En août, la demande
climatique plus modérée et les pluies ont apporté un répit
favorable à la croissance des grains. Aujourd’hui, il existe une
grande hétérogénéité entre les régions et à l’intérieur de la
plupart des régions françaises. Pour les éleveurs qui ne
l’auraient pas encore fait, il est urgent de visiter les
parcelles pour faire un diagnostic de date de récolte, de
rendement et de qualité.
Aux zones traditionnellement
touchées par la sécheresse (Pays de la Loire), il faut ajouter
en 2006, l’Est (Lorraine, Bourgogne, Franche-Comté), et surtout
une partie de la Bretagne. Mais les transferts de maïs grain
vers le fourrage répondent plus à un besoin de stocks fourragers
dû au manque de production de l’herbe qu’au rendement du maïs un
peu inférieur à la normale. Il y a besoin de reconstitution des
stocks.
TOUR DE FRANCE DU MAÏS
FOURRAGE
En Pays de la Loire /
Poitou-Charentes
Guillaume Clouté observe une
forte hétérogénéité des situations liées à la pluviométrie
estivales, avec un fort effet de date de semis.
Les semis les plus tardifs, souvent avec un faible développement
et sans épi, ont été ensilés tôt (bocage est) à des niveaux de
rendements de 6 à 7 tMS.Pour les semis aux dates habituelles,
les rendements varient selon la qualité de l’implantation et la
pluviométrie de juin et juillet : de 7-8 tMS (< 1500 gr/m²) à
15-16 tMS, voire plus de 18 tMS pour les zones les plus
chanceuses (ex. : Montaigu 85). Le Centre bocage (Cholet) est
très touché ainsi que la Gâtine des Deux-Sèvres. La Loire
Atlantique et le Sud-Mayenne sont aussi touchés. Les conditions
d’alimentation hydrique posent aussi des problèmes sur les
prairies, limitant la réalisation des stocks. Les ensilages
d’hybrides tardifs irrigués sont bons.
Les maïs normaux sont à 30-32 % MS. Les ensilages sont en cours
en Mayenne. Négociation de maïs sur pied : 40 à 50 €/tonne,
transfert bocage estimé : 3000 ha environ.
En sud Mayenne,
sud Sarthe, d’après Sabine Battegay, les maïs
n’ont reçu aucune précipitation : des maïs ont été ensilés à
1,50 m de haut ou distribués en vert ou broyés dès la fin
juillet. Malgré le manque de pluie dans cette zone, les maïs
semés avant le 5 mai, et surtout bien implantés, ont tenu le
choc : 6 à 8 tMS avec des épis ; on s’attend à des valeurs
alimentaires acceptables dans ce cas-là (il y a eu des
précédents).
En
Normandie,
les maïs sont beaux et bien développés avec plus de 3500
grains/m². Les rendements sont estimés entre 15 et 18 tMS car la
pluviométrie et les températures sont excédentaires avec une
tardification dans le choix des variétés qui permet une
élévation de la production (+ 1 tMS) sans perte de qualité
(valeur alimentaire). Stade actuel : 27 % de MS. Les récoltes se
feront avec une légère avance. La qualité sera bonne, aucune
inquiétude.
Le Perche a plus souffert d’un manque de pluviométrie estivale :
les maïs sont moins réguliers et on peut craindre quelques
mauvaises surprises…
En Bretagne,
d’après Joël Thierry, les semis ont eu lieu du 25 avril au 15
mai. Aujourd’hui, les parcelles de semis précoces sont, en
général, plus belles que celles de semis tardifs, avec un fort
effet agronomique. A ce jour, on observe un double gradient
Est-Ouest et Nord-Sud avec une limite climatique plus
septentrionale que d’habitude (Ouest et Nord plus arrosés que
Est et Sud). En 2006, les zones touchées par la sécheresse et
les températures élevées s’étendent à la Bretagne centrale.
Seuls le Finistère et le nord des Côtes d’Armor sont épargnés.
Moyenne générale autour de 13 tMS (avec une grande moitié sud
très hétérogène de 7 à 12 t). Mêmes problèmes de stocks
fourragers en Bretagne centrale qu’en Pays de la Loire.
Stade : de 27 à 32 % MS. La récolte débute dans les secteurs les
plus avancés ; grosse période de récolte prévue mi-septembre.
En Nord Picardie,
comme en Nord-Bretagne et Normandie, Bertrand Carpentier signale
que, malgré le mois d’août froid, l’avance est encore de 80
degrés-jours. Dans le Nord de la France, la canicule de juillet
n’a pas marqué. Il y a un fort effet date de semis comme
partout, accompagné d’un effet agronomie (14 à 16 tMS pour les
semis avant 5 mai ; 8 à 13 tMS pour les semis tardifs selon
agronomie). Août a été humide et froid et a ralenti la
végétation. Les taux de matières sèches varient de 22 à 28 %.
La qualité est bonne. Les récoltes débuteront vers le 15
septembre. Le mois de septembre pourra faire la différence.
Dans
l’Est, la
situation est contrastée. Les maïs des Ardennes sont beaux en
rendement et en qualité. Les récoltes débuteront vers le 8
septembre.
En Lorraine , l’effet date de semis est
amplifiée par les sols lourds : les semis précoces sont les plus
beaux. Les maïs sont hétérogènes et les rendements annoncés
varient de 8 à 14 tMS. Le déficit pluviométrique estival a
fortement marqué les semis tardifs et les mauvaises préparations
de sol. Les récoltes devraient débuter vers le 10 septembre.
En Alsace, Franche-Comté et Bourgogne , les
gabarits sont corrects, plus petits pour les semis tardifs.
L’hétérogénéité est forte au niveau du grain à cause du déficit
hydrique estival. Les rendements sont moyens à faibles, très
hétérogènes. Les récoltes ont débuté.
En Rhône-Alpes, les maïs de sols profonds ou
irrigués – majoritaires - sont très beaux. La récolte est prévue
entre le 10 et le 20 septembre.
L’auvergne, plus arrosée, présente des maïs
très corrects.
Grand Sud-Ouest : Dans les piémonts des
Pyrénées, les maïs des zones d’élevage ont été particulièrement
bien arrosés cet été. Les maïs sont très beaux et les transferts
seront plutôt de l’ensilage vers le grain. Rendement 15 tMS et
plus…
Dans le sud du Massif central (Aveyron,
Tarn…), les maïs sont moyens et très hétérogènes, tant en
rendement qu’en qualité. Dans ces régions, se pose le même
problème de stocks que dans l’Ouest avec un marché de vente de
maïs sur pied au profit des vallées . |