Paris, France
August 15, 2010
L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) tient à exprimer sa consternation face aux actes survenus ce dimanche 15 août au centre de Colmar (Alsace) où vers 5 heures du matin, une soixantaine d’individus sont venus y détruire un essai sur 70 porte-vignes génétiquement modifiés pour accroître leur résistance à une maladie de la vigne, le court-noué.
L’Inra estime que ces « faucheurs volontaires » contribuent, en s’attaquant à ce travail de la recherche publique, à répandre la peur en évoquant des risques environnementaux qui n’existent pas sur cet essai, alors que l’Inra essaie de déterminer, en toute indépendance, la pertinence et les risques éventuels de ce type de technologie dans la lutte contre le court-noué.
A ce titre, cet essai a été conçu, préparé et suivi par un comité local de suivi composé d’élus et de représentants du monde viticole, syndical et associatif (consommateurs, défenseurs de l’environnement).
Au global, cet essai ne présente aucun risque pour la sécurité environnementale. Des conditions strictes ont été prévues pour éviter tout risque de dissémination des gènes : les porte-greffes ne produisaient pas de fleurs et les inflorescences du greffon étaient éliminées avant floraison ; une bâche installée dans le sol retenait par ailleurs les nématodes, vers évoluant dans les racines de la vigne et qui transportent le virus du court-noué.
Autorisée en 2005 pour une période de 5 ans, cette expérimentation avait été saccagée par un individu isolé en septembre 2009, compromettant la production attendue de résultats scientifiques alors qu’elle avait permis un éclairage nouveau sur la variabilité et le fonctionnement dudit virus.
L’essai utilisant des porte-greffes OGM n’est qu’une des voies de recherche explorées, conformément aux engagements souscrits par l’Inra et le comité local de suivi. En outre, les chercheurs testent la résistance de porte-greffes non-OGM au virus du court-noué, avec un essai de lutte biologique visant à utiliser les propriétés «nématicides» de certaines plantes comme la tagète (Tagetes minuta). Il a également été mis en place en collaboration avec des viticulteurs.
L’ensemble des travaux menés vise à concevoir des moyens de lutte permettant aux viticulteurs de faire face à cette maladie, en évitant l’utilisation de produits de traitement reconnus comme hautement toxiques.